dimanche 12 mai 2013

En terre aborigène


Je viens de terminer la lecture de : "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien" de François Giner.  A l'époque, j'avais écrit une note sur le livre (Mangareva) qui racontait comment des moines picpussiens s'y étaient pris pour dévaster en moins d'une cinquantaine d'année, une île paradisiaque de l'archipel des Gambier.
Ce livre-ci nous raconte comment en deux décennies seulement, les blancs ont réussi à détruire ce qui n'avait pas changé depuis 60 000 ans…  Oui vous avez bien lu, 60 000 ans, ce qui est l'échelle moyenne et 40 000 ans l'échelle basse selon les estimations.
Il y a quelque chose de commun à l'ensemble des anciennes civilisations de la planète qui vivaient en harmonie avec la nature. Elles avaient toutes une vision cyclique et non linéaire de l'existence, "leur circuit toujours recommencé s'organisait selon un calendrier des saisons basé sur la floraison .../ … leur seul modèle était la nature qui a toujours été généreuse envers eux."
Mais ce livre est d'une tristesse incomparable, car il raconte comment meurent un à un les vieux aborigènes qui connaissaient les lois anciennes, les secrets de leur vieilles cultures et comment les jeunes, intoxiqués par la société occidentale, la Munanga wei, se détournent de ce monde ancien pour sombrer, la plupart du temps dans la drogue, l'alcool, la télévision…
C'est triste, mais si on ne lit pas ce livre, on ne peut pas comprendre tout ce que notre modèle de société a de pourri dans ses entrailles. 
S'enfuir à quatre pattes de ce monde de fous, accepter tout ce qu'il y a de libre et de sauvage en soi, refuser les idées toutes faites, refuser la société de consommation, de compétition, s'éloigner du culte du travail, du toujours plus vite et du toujours plus compliqué, chercher à être soi-même... Telle est ma quête !

François Giner "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien". Latitudes Albin Michel

Description de l'ouvrage : 

Leur culture vieille d'au moins 40.000 ans est l'une des plus anciennes de l'humanité. Jusqu'à l'arrivée des Européens à la fin du XVIIIe siècle, les Aborigènes ont vécu de chasse, de pêche et de cueillette en harmonie avec une terre à laquelle ils appartenaient et qui nourrissait leur spiritualité, leurs coutumes et leur organisation sociale. Estimés à 350.000 en 1788, les Aborigènes n'étaient plus que 50.000 en 1966 et il ne reste aujourd'hui pas grand chose des 500 tribus d'origine. L'intrusion des Blancs dans leur univers traditionnel a été d'une incroyable brutalité : exterminés ou réduits en esclavage avant d'être brutalement assimilés, décimés par les maladies et l'alcoolisme. Aujourd'hui, la plupart ne survivent plus que dans une misère désespérante et les plus jeunes perdent souvent tout contact avec leur ancienne culture.
Originaire de l'Hérault, François Giner s'est immergé depuis 20 ans dans l'univers des Aborigènes. Il vit aujourd'hui dans une région reculée de la Terre d'Arnhem (à 700 km au sud de Darwin), au coeur de 400.000 hectares de bush. Un territoire appartenant au clan des Ngklabon. George Jangawanga, vieux sage aborigène, lui a accordé le premier son amitié, puis sa confiance, avant de lui donner un nom, Balang , et de le prendre pour frère. Avec les Ngklabon, François Giner va monter un projet de développement économique basé sur le tourisme culturel : l'établissement d'un camp qui accueille de petits groupes de voyageurs pendant la saison sèche. Son récit oscille sans cesse entre la beauté des paysages du bush, la richesse des traditions ancestrales, les récits de la création du monde, les rites complexes qui sont toujours respectés, mais aussi la lente dégradation des rapports humains, la désaffection des jeunes pour les coutumes, les ravages de l'alcool et de la drogue liés aux problèmes d'identité et de racisme, la colère et le désespoir des anciens, dépositaires de secrets qu'ils ne peuvent plus transmettre à quiconque.
Teinté de respect et d'affection, ce témoignage d'une rare authenticité restitue aux aborigènes d'Australie une humanité que deux siècles de colonisation leur a pour ainsi dire dénié.

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