mercredi 3 avril 2013

Texte Korrika 18

"Langue maternelle.

On parle de langue maternelle parce qu'on naît par sa langue.

On parle d'accoucher parce que quand notre mère nous fait, nous la faisons mère à notre tour, accoucher c'est se faire l'un l'autre. Il se passe quelque chose de similaire avec la langue aussi. ...La langue nous crée et nous créons la langue. Nous sommes témoins l'un de l'autre. Nous vivons en nous donnant l'un à l'autre. La langue nous donne, nous donnons à la langue, nous sommes le souffle et l'être.

Celui qui apprend donne son sens à celui qui enseigne. Celui qui enseigne donne une direction nouvelle au parlant d'origine. Le parlant d'origine se doit de tendre la main à l'apprenant.
Nous nous devons tous de nous donner l'euskara les uns aux autres.

Ma langue maternelle est l'euskara. Mais qu'est-ce qu' une langue maternelle ? La langue maternelle n'est pas celle qu'on apprend en premier, ni celle qu'on reçoit du giron de sa mère, la langue maternelle est, pour moi, la langue avec laquelle on pense. La langue maternelle se trouve là où nous fabriquons nos raisonnements et nos images. Et il est possible qu'au cours d'une existence l'euskara devienne langue maternelle, il est possible d'apprendre à penser en euskara.
A vous qui êtes sur ce chemin, toute notre admiration et félicitations, et si quelqu'un vous dit que vous êtes des « nouveaux » basques, ou que l'euskara n'est pas votre langue maternelle, dites- lui bien qu'il ne fait pas bon être vieux, et par la même occasion, dites-lui que la langue maternelle n'est pas celle qui a été apprise en premier, mais bien celle qui crée la pensée.

Ce pays aussi, nous le penserons en euskara, ou il ne sera pas. L'avenir de notre pays dépendra de la langue qu'on lui choisira. Qu'on nous imposera de parler en d'autres langues ? Nous le savons bien. Ce pays devra réfléchir sur les autres langues, mais ce pays ne peut s'envisager dans d'autres langues, c'est en euskara que nous penserons ce pays, ou il ne sera pas.

Si nous voulons accoucher d'un pays, s'il faut qu'il naisse de quelqu'un, c'est de la langue maternelle que nous naîtrons."