lundi 11 février 2013

Entretien avec un pirate

"Je pose souvent aux gens la question suivante : « Quel était le nom de ton arrière-arrière-arrière-grand-mère, vers l’an 1550 ? » Personne ne sait, tout le monde s’en fout. Pourquoi ? Parce que cela ne fait pas partie de notre réalité. J’ai trouvé un Aborigène en Australie qui pouvait répondre à cette question, non seulement il connaissait le nom de son ancêtre, mais il pouvait même me donner des détails sur sa vie.

Les aborigènes de par le monde savent d’où ils viennent donc ils savent qui ils sont et parce qu’ils savent qui ils sont, ils savent où ils vont. C’est une leçon qu’ils peuvent nous enseigner. Parce que leur origine importe, leur destination importe également, et donc un enfant qui naîtra même très loin dans le futur fait partie intégrante de leur réalité présente. Ils ne verront jamais cet enfant en chair et en os, mais savoir que cet enfant existera leur suffit pour se sentir concernés et pour agir en conséquence. C’est exactement ce qui devrait tous nous interpeller : demain ne sera possible que si nous agissons aujourd’hui.

Être écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie, ce n’est pas se sentir concerné par ce que sera le monde dans dix ans ou même dans cent ans. Tout ce que nous faisons aujourd’hui aura un impact significatif sur le genre de monde que nous laisserons dans cent mille ans, dans un million d’années. Chaque espèce que nous menons à l’extinction aujourd’hui envoie un ricochet dans le futur avec un incroyable impact négatif.
Nous devons comprendre qu’il s’agit là de notre véritable engagement, notre objectif ultime est de s’assurer que le continuum de la vie sur cette planète puisse se maintenir.

EXTRAIT du livre "Paul WATSON : Entretien avec un pirate" de Lamya ESSEMLALI- Editions GLENAT

Pour ceux qui ont lu "Pensements 2" et l'introduction que j'ai écrite pour ce livre comprendront probablement pourquoi cet extrait de ce livre de Paul Watson me touche particulièrement. Je crois que de plus en plus, à cause d'une certaine dictature de l'immédiateté, du tout sans fil, de l'instantanéité technologique, du culte de la productivité, nous sommes en train de délaisser un continent entier de nos vies et on ne le voit pas partir à la dérive. On pourrait se dire que ce continent délaissé se met en friche et que la friche, ce n'est rien d'autre que de la liberté. Mais malheureusement, cela ne se passe pas comme ça. Cette dictature est en train de grignoter notre mémoire. Si elle grignote notre mémoire, comme dit Paul Watson, elle grignote notre passé. Cette dictature est un monstre qui aspire la vie, la liberté et la nature. Lutter contre cette dictature c'est lutter pour notre avenir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ahh ... le continuum de la vie ... c'est pas gay tout ça ...