dimanche 16 décembre 2012

Mes chers camarades...

jeudi 13 décembre 2012


Cyril, tailleur de pierre de vingt-sept ans, a été arrêté sur la ZAD à Notre-Dame-des-Landes, le 26 novembre, par des gendarmes infiltrés sur une barricade. Il a été condamné deux jours plus tard, en comparution immédiate, à dix mois de prison dont cinq avec sursis.
Il envoie aux zadistes cette lettre, accompagnée d’une chanson qu’il demande de publier.
Pour lui écrire :
Centre pénitentiaire de Nantes
Quartier Maison d’arrêt
Cyril n° d’écrou 57360
rue de la Mainguais
44300 Nantes
 
Mes chers camarades,
Un très grand merci pour votre soutien et celui des autres camarades zadistes. Pas une journée ne se passe sans que je pense à vous tous. Merci pour ces infos non muselées que tu m’apportes, cela renforce encore plus mes convictions déjà fortes et ne me désespère pas pour notre cause qui est juste, elle. Nous ne sommes peut-être qu’une épine dans le pied de ce gouvernement mais elle est assez profonde pour qu’il ne puisse la retirer. Remplie d’un venin qui se nourrit d’amour et de solidarité, elle envenime ceux qui sont pour la destruction, la répression violente et les constructions capitalistes inutiles pour une population pacifiste mais résistante qui ne demande que de vivre en paix et en harmonie avec la mère nature. Ils ne sont pas à leur premier coup d’essai. Mais la résistance est toujours là. Nous faisons partie de la nouvelle et de l’ancienne génération qui lutte depuis tant d’années contre ces multiples projets inutiles. Ils dépassent les bornes. Ces souffrances qu’ils infligent à nous et à la mère nature sont malheureusement irréversibles et nous ne les oublierons jamais. Qui sont-ils pour penser que la valeur de l’argent est plus importante que celle de l’être humain et de son environnement ? Pour moi c’est un devoir envers les miens de crier mon opposition à tout cela. La destruction massive de notre mère la terre doit cesser car les conséquences en sont désastreuses. Que laisserons-nous à nos enfants ? Une chose est sûre, nous ne sommes pas des lâches. Nous nous battons pour des valeurs sûres, justes et ils en seront fiers. L’État ne peut en dire autant, car il n’en est pas à sa première erreur. Mes grands-parents et mon père ont subi les mêmes erreurs à une échelle différente et leur était reproché à l’époque le simple fait d’être juifs et de vouloir protéger cette terre qui est la nôtre.
Refusant de partir de leur terre pendant la guerre, ils en ont payé le prix fort. Fusillés par les collabos de l’époque devant mon père qui n’avait que cinq ans. Certaines choses ont changé mais le gouvernement lâche et hypocrite reste ferme devant les cris et les pleurs de ses enfants qu’il dit capricieux. Je pense que le caprice vient d’eux et que la Raison vient de notre passion et de notre amour pour ces nombreuses causes justes et défendables. Ils ne l’entendent pas de même et nous poussent dans l’illégalité et la rébellion. Ma peine est celle d’un être humain qui ne se soumet pas. Comme la vôtre. Faut-il pourtant subir ? Ma réponse est Non. Nous ne lâcherons rien. Car peu importe le temps, ce qui compte ce sont les messages et le résultat ainsi que les erreurs flagrantes que le peuple voit. Ne changez rien, restez comme vous êtes, libres !
Mes bottes me manquent, vous me manquez camarades et ami•e•s et je continue la lutte d’une autre manière. Grâce à vous j’ai assez de contacts à l’extérieur pour me faire entendre. Cela fait plus de dix ans que je me bats pour différentes causes. Je suis originaire de cette région et je le resterai malgré mon interdiction de séjourner dans le 44 pendant deux ans. Sauf Avessac où j’ai acheté un petit corps de ferme que je rénove pour tous ceux qui aiment la nature et la liberté. Je suis tailleur de pierre et cela me plaît. Ma lutte se fait aussi dans la musique depuis douze années et passera ces messages grâce à l’aide extérieure, étant à l’heure actuelle prisonnier. Je suis sur le projet d’un nouveau CD destiné à notre cause. Car il me semble nécessaire de faire passer ces messages.
Je vous fais donc part du premier jet de la première chanson que je vous offre en espérant votre participation future d’une vérité qu’on nous demande de cacher.
J’aimerais si possible que cette lettre ainsi que cette chanson soient mises sur Indymedia. Merci.
Je compte sur vous et vous remercie tous pour le soutien que vous m’apportez et surtout pour cette cause juste. La terre de nos parents est la future terre de nos enfants, ne l’oublions pas.
V.D.R. et S.
Je vous embrasse,
Cyril
n° écrou 57360
prison de Nantes

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