vendredi 27 juillet 2012

Homo sapiens : sale type !


À gauche : un Primate nommé Néandertal (Homo neanderthalensis) ; À droite : un Primate nommé Cro-Magnon (Homo sapiens)

Selon une étude nord-américaine de publication récente, l’homme moderne serait en grande partie responsable de la disparition des hommes de Néandertal. La responsabilité des Homo sapiens est donnée come supérieure à celle des catastrophes naturelles qui ont frappé l’Europe.

"Selon une recherche publiée hier aux États-Unis, la migration de l’homme moderne depuis l'Afrique vers l'Europe a constitué une terrible menace pour les populations indigènes néandertaliennes. Cette menace est en tout cas considérée comme plus importante que la plus grande éruption volcanique connue du continent européen il y a 40.000 ans. C'est du moins ce qu'indique la recherche récemment parue dans les Annales de l'académie nationale américaine des sciences (PNAS)." (*)

Ôte-toi de là que je m'y mette !


Homo sapiens doit donc sa longue et envahissante existence à sa domination, jusqu'à extinction finale, sur son frère néandertalien. Depuis, sapiens demens, espèce mégalomane, a construit toute sa prééminence sur l'éviction ou la maîtrise des autres espèces. Pas étonnant que le monothéisme ait été plus tard son choix spirituel : "Tu seras la terreur du Vivant" ! Il le fut, il l'est, mais plus pour très longtemps. Car ce qui est pris n'est plus à prendre.

Après un temps natif et trop bref de balbutiements sauvages, nous aurons été une espèce contre-nature, voire anature, à l'intelligence contre-productive, incapable de vivre en harmonie avec son environnement animal et vegétal. Homo sapiens : sale type !

"Espèce élue" et érigé, un peu à la légère, roi de la création, Homo sapiens fut décrit et élogieusement nommé par Carl von Linné, en 1758. Tout comme le rat (Rattus rattus) ou le cafard (Blatta orientalis) par le même auteur, à la même date…

Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, c’est en se mirant dans la glace que l’homme Blanc auto-décrivit l’espèce humaine et installa son faciès au sommet d’une curieuse pyramide des races, s’autoproclamant ainsi supérieur et deux fois sapiens. Inventeur de la nomenclature binominale, dite système linnéen (genre/espèce), Linné est le fondateur de la taxinomie moderne. Dans son œuvre (Systema naturae) il décrivit de son vivant la plupart des végétaux, des animaux (dont nous) et des minéraux, œuvre descriptive considérable évidemment complétée jusqu’à ce jour. L’homme n’est qu’une espèce parmi deux millions d’autres officiellement recensées.

Homo sapiens terminator

Hécatombes, holocaustes, exterminations, pogroms, génocides, guerres, invasions conquêtes à travers les siècles, puis déforestation, productivisme agricole, agroterrorisme, mort biologique des sols, désertification, sixième crise d'extinction massive d’espèces pour causes anthropiques, pollutions, réchauffement du climat, fonte des glaces, montée des océans, tarissement accéléré de toutes les ressources non-renouvelables, une planète bleue désormais en déliquescence..., cet incommensurable cortège de "réussites" est à porter à notre crédit. Impérieux, nous en sommes d'ailleurs très fiers, il suffit de consulter nos livres d'histoire et de géographie.

Veau, vache, cochon, couvée, homme sont chosifiés. Le vivant est industrialisé, mais on dit qu’il pourrait redevenir bio, la belle affaire... Zoos, cirques, laboratoires, batteries, l’ignoble personnage enferme, dompte, torture, exploite les espèces compagnes et aussi la sienne.

En guise de bénéfices : cancers, maladies environnementales et génétiques, perte de fécondité (tant mieux !), maladies nouvelles et concoctées de toutes pièces, cent mille molécules chimiques lâchées dans les sols, les eaux et les airs, pesticides et biocides dans la rosée et dans nos urines, un milliard de terriens souffrant chaque année les méfaits de la pollution, recul des terres fertiles, catastrophes "naturelles" plus nombreuses et plus meurtrières, hordes de réfugiés de l’environnement... D’ici à 2050, on prévoit des sécheresses drastiques susceptibles d’affecter 2 à 3 milliards d’humains.

Exterminateur et invasif, Homo sapiens est la seule espèce de grande taille à avoir investi selon une croissance infernale la quasi-totalité des niches écologiques des autres espèces. Nous sommes ainsi les auteurs du plus effroyable laminoir de biodiversité que l’on pouvait imaginer Nous souffrons d’une incurable cécité écologique doublée d’un besoin maniaco-dépressif d’asservir, de dominer, régner, contrôler, ordonner, gérer, intervenir, décider, nous ne sommes bons qu’à saccager, détruire, modifier, altérer, uniformiser, aligner, nettoyer, vider, couper, tailler, tondre, scalper, raser, décapiter, brûler…, le plus souvent sans comprendre, sans donner, sans admirer… et même sans regretter. Guerres et discriminations envers et contre tout, contre soi, contre l’homme, surtout contre "l’autre" et "le différent", contre les espèces non rentables, en un mot... contre la Nature. Sexisme contre l’autre sexe, racisme contre les autres races, spécisme contre les autres espèces, pillage du vivant réduit à la notion étroitement utilitaire de ressources, saccage des paysages défigurés en autant de formes géométriques écostériles. Avec un dépassement de 30% de la biocapacité planétaire, notre humanité s’est octroyé un crédit écologique qui est une fatale fuite en avant. Où est la sagesse ? Notre politique est bien celle de la terre brûlée. Ne rien laisser derrière soi qui puisse profiter à l’ennemi est une stratégie de guerre…totale. Mais quel est donc cet ennemi si exécré, sinon nous ?!!

Il ne faut pas faire confiance à un humain, ce n'est pas une espèce sérieuse

Dès son apparition il y a 300.000 ans, Homo neanderthalensis était un homme évolué , avec même une capacité crânienne supérieure à la notre. Il domestiquait le feu  et enterrait ses morts, portait des parures et utilisait des outils. Vivant  notamment sous climats froids et dans des plaines gelées, il mangeait surtout de la viande. Il ne disparu qu'il y a 30 000 ans, contraint de s'effacer devant un nouveau venu : l'Homme de Cro-Magnon, notre ancêtre. Pour le rejeter de la famille des humains, la science fit de Néandertal une sombre brute, un primate bestial, violent, sans âme. Mais qu'en savons-nous ? Et plus brutal que nous, était-ce possible ?! C'est d'ailleurs de cette manière que nous caricaturons aussi nos vrais ancêtres "sauvages", les peuples natifs, ces premiers Homo sapiens... qui n'ont pas d'âme. Nous autres, peuple dernier, nous sommes indécrottables
.
(*) En savoir (un peu) plus :
http://www.maxisciences.com/homo-sapiens/l-homo-sapiens-principal-responsable-de-la-disparition-des-neandertaliens_art25884.html

Michel Tarrier
Écologue, écosophe, essayiste
Les Orphelins de Gaïa : http://www.amazon.fr/gp/product/281270313X
Dictature verte : http://www.amazon.fr/Dictature-verte-Tarrier-Michel/dp/2812701404
Nous, Peuple dernier : http://www.amazon.fr/Nous-Peuple-dernier-Survivre-bient%C3%B4t/dp/2296105629

jeudi 26 juillet 2012

Barbalotak : Gonzalo Etxebarria

association UZTARO alkartea
05 59 28 11 14
http://gonzaloetxebarria.blogspot.com/
http://uztaro.blogspot.com/

José Bové et le Loup (nous tous et la Bête)

Par Fabrice Nicolino

Commençons par le commencement : je tiens José Bové pour un ami. Pas un ami de tous les jours, mais un ami, certes. On n’est pas obligé d’être d’accord avec un ami. On peut même s’opposer à lui de toutes sortes de manières. Moi, je ne partage pas les vues de José sur la marche du monde. Il le sait. Je le redis. Ce qui ne m’a pas empêché d’aller le trouver quand j’ai entendu parler des gaz de schiste, il y a environ deux ans. Je savais que José ferait le considérable travail de mettre au jour la question. Et qu’il entraînerait. Qu’il se battrait. Il l’a fait, d’une splendide manière. On ne saura jamais ce qui se serait passé sans lui. On sait ce qui est arrivé. Avec lui. Et tous les autres, cela va sans dire.
Bon, le Loup. Il y en avait sans doute 20 000 en France il y a 250 ans. Il y en aurait autour de 200, après un retour époustouflant réussi au début des années 90. José Bové a déclaré en Lozère, voici quelques jours, que la présence du Loup était incompatible avec l’élevage. Son argumentation (ici) est simple : « Voulons-nous encore des paysans, voulons-nous encore des bergers ? Nous, sur le Larzac, on a eu un loup il y a quelques années, eh bien on a retrouvé quelque temps après son squelette sur un clapas, et c’est très bien comme cela ». Je ne crois pas le caricaturer en ajoutant qu’il a une solution toute prête pour faire face à la présence du Loup : le flingue. C’est ainsi déjà, par une combinaison efficace du fusil et de la strychnine, que le Loup a disparu de France à la fin des années 20 du siècle écoulé. Après une présence sur le territoire de la France actuelle probablement bien plus longue que l’homme lui-même. On pense que les Loups d’aujourd’hui existent depuis environ 1,8 million d’années et que le mammifère d’où il provient a pu naître voici 50 millions d’années.

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lundi 2 juillet 2012

La part des loups (extrait)

"Quand il n’écrivait pas, il parlait aux bêtes. Au détour d’un chemin, lorsqu’il croisait le blaireau ou la martre affamée, il les saluait comme du temps ou les pasteurs appelaient l’ours par son nom, “Martin”, et le cochon ”le Monsieur”.
Il parlait au aux pierres, des pierres comme lui et ses mots. Lui aussi se sentait sans âge, et ses mots étaient érodés et charriés par la pluie et les vents brimbalés à sa liberté et à sa désespérance. Il parlait à ces pierres dressées figurant des silhouettes humaines, aux atlantes d’une multitude pétrifiée par les désastres, à la falaise comme une statuaire et à ses bas-reliefs de gisants en guise de tombeaux d’un vaste cimetière. Il parlait devant un mur aux lamentations, devant ces roches imitant des catacombes à ciel ouvert et le souffle de la bise jouant entre elles des marches funèbres.
Il parlait au vent ... Le matin, quand il passait la tête entre les deux bâches colmatant la grotte, il embrassait ses joues. Il parlait à la source, aux arbres, aux fleurs.
Il parlait non pour être moins seul, jamais ! mais épris du sentiment d’appartenir à cette totalité, au paysage et à l’infini, à la plus petite particule, à l’ardoise et à l’empreinte minérale de la fougère, au courant d’air, et l’immensité le chavirait à chaque instant.”

Extrait du livre de Jann-Marc Rouillan : "La part des loups" aux éditions Agone.