vendredi 16 décembre 2011

Le silence des armes

" Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. " (André Gide)

Faire la guerre, c'est quoi ? Détruire la vie, c'est quoi ? Détruire la vie, pour le papa de Jacques Fortier, c'est tuer, tout simplement. Tuer les hommes et les animaux, quand on croit que tuer peut être un loisir, quand on croit que tuer des hommes peut être une vocation.
Et ce qui est intéressant dans ce livre c'est l'humanisme élargi que j'ai tellement aimé lire chez Hugo dans l'ensemble de son oeuvre ou dans  Ana non, le roman d'Agustin Gomez-Arcos, lorsque Ana Paucha donne le bout de son gâteau à un chien famélique. Le vrai humanisme est un humanisme qui comprend que tout brille dans ce monde. "tout est sensible" Comme disait Gérard de Nerval lui même reprenant Pythagore.
Mais quand on est gosse, parfois, on est un peu con. Parfois quand on est adulte aussi d'ailleurs, mais là, Jacques est un peu con. Il est parti à la guerre pour faire le contraire de ce que son père voulait. Juste une minable saute d'orgueil, en somme mais qui va se révéler fatale. Ne jamais oublier qu'il faut chercher l'altérité, non pour être différent, mais pour se trouver soi-même. Non ? En tout cas, moi, ça pourrait être ma devise. Jacques veut être différent de son père et il devient le contraire, c'est-à-dire un assassin.
Jacques revient d'Algérie en permission de convalescence. Son père est mort en maudissant ce fils qui s'était engagé volontairement dans une guerre honteuse. Sa mère est morte aussi et la maison est vide. Cette belle maison que ses parents ont entretenu avec respect pour la lui transmettre. Il découvre cette belle maison vivante, terrienne et il découvre l'homme qu'il aurait dû être : un homme passionnément amoureux de la vie et de la paix.
Il comprend tout, mais la société veut continuer son chemin. Elle ne permet pas la rédemption. Rigide, elle ne lui permet pas de se retourner pour qu'il puisse atteindre  la lumière qu'il a laissé en arrière et qui néanmoins se rapproche de nouveau. Non la société vous pousse dans l'ombre, vous entraine toujours plus profond dans son sillage. Elle n'a pas le temps et laisse à la mort la cicatrisation.
Un livre bouleversant que je conseille à toutes et à tous.

2 commentaires:

jenofa a dit…

Sa lecture m'avait tellement bouleversée, pour des raisons personnelles, que je serais incapable d'en parler. Et même de le relire.
N'empêche---- les zautres, faut le lire.
Et lire la suite "Lettre à un képi blanc".

Lurbeltz a dit…

Oui je ne sais pas pourquoi mais j'étais certain que tu avais lu ce roman.
Pour moi, il y a la confluence de plusieurs phénomènes. La maison que l'on transmet et qui se retrouve vide, la guerre que l'on fait à la vie. Mais il y a un message philosophique très fort dans ce livre.