mardi 8 novembre 2011

Les ikastola, écoles de riches ?

Je cède le clavier à une parente d'élève de l'Ikastola de Soule. Je suis d'accord à 100 % avec ce qui est écrit la-dessous. J'aurais l'occasion d'y revenir.

Par Marie Fleury
Je ne crois pas me tromper en affirmant que lorsque les premières ikastola furent créées, il y a plus de 40 ans maintenant, il était clair qu'elles devaient être accessibles à tous. C'est donc dans cet esprit que chaque ikastola avait mis en place une grille de cotisations mensuelles pour les parents, qui prenait en compte leurs revenus, tout en sachant que l'essentiel des ressources, à une époque où les ikastola devaient entièrement s'autofinancer provenait des manifestations organisées (repas, fêtes diverses, ventes de talo...). "Les ikastola ont assuré leur autofinancement en prenant garde à ne pas alourdir les charges des parents d'élèves, afin que les ikastola demeurent à la portée des classes populaires", peut-on d'ailleurs lire dans l'ouvrage collectif de Pierre Bidart et J.C Anscombre intitulé La nouvelle société basque, ruptures et changements.

La prise en charge du salaire de la plupart des enseignants par l'Education Nationale depuis une quinzaine d'années a donné un second souffle aux ikastola en permettant d'alléger considérablement les budgets. Pourtant, la philosophie selon laquelle chacun payait en fonction de ses moyens est fortement menacée de disparition voire a tout à fait disparu dans bon nombre d'ikastola. Et  l'ex grille de cotisations se voit remplacée par une cotisation unique, multipliée par le nombre d'enfants scolarisés, pesant ainsi de façon très inégale sur les différents budgets familiaux.

Mais quels sont les arguments des parents pour remettre en cause ce système de cotisations dégressif tenant compte des ressources des familles ?

"C'est plus simple ainsi", s'entend-on dire. Mais au nom de la simplicité, on pourrait aussi décider que les parents ne vendent plus de talo, n'organisent plus de repas car il suffirait après tout de financer toutes les charges des ikastola avec des cotisations mensuelles de 200 € ou plus par enfant, comme c'est souvent le cas dans les écoles alternatives non reconnues par l'Education Nationale.

Autre argument récurrent lancé par ceux qui ne veulent pas revenir sur un système de cotisations en fonction des salaires : sur quels revenus se base-t-on pour les paysans ? Car c'est bien connu, l'agriculture est un domaine où l'on peut s'enrichir considérablement, surtout au Pays Basque, tout en se soustrayant au système d'imposition. Même question pour ceux qui travaillent au noir, et ceux qui ont ..., qui font..., etc... car notre fiche d'imposition ne reflèterait pas nos réels revenus. Mais où est passée la confiance ? Comment travailler ensemble si on se pose des questions comme celles-ci, si on a peur d'être lésé ou floué par les autres ?

Et je ne parle pas des appels aux sacrifices, entendus ça et là : mettre ses enfants à l'ikastola est un choix, on n'a qu'à se priver d'autres choses. 

Enfin, d'autres ont trouvé la solution : ceux qui ne peuvent pas payer n'ont qu'à rien payer du tout, on ne les oblige pas. Merci pour la charité chrétienne. Ils se sentiront juste un peu coupables et redevables aux yeux des autres parents, mais pour ça, qu'ils se débrouillent avec leur conscience. Quant à ceux qui n'oseraient pas parler de leurs difficultés à payer, tant pis pour eux.

Il y a quand même un point où tout le monde s'accorde : l'ikastola devrait être gratuite pour tous. D'accord, mais en attendant ?

1 commentaire:

Gild@ a dit…

Merci Marie pour ce texte clair qui résume bien la réalité actuelle de l'ikastola.
Ce qui me pèse le plus c'est qu'apparemment on ne peut pas avoir de débat sans jugement. Ne pas être d'accord et débattre devrait être une richesse or, dans ce cas, cela divise les parents, c'est vraiment triste.
Il faudrait un fonctionnement commun et précis établi par Seaska pour ôter toutes ces "crispations".