dimanche 14 août 2011

J'étais pas là...

J'ai entendu cette chanson de Souchon hier à France Inter. Et franchement, outre que je la trouve magnifique, elle résonne en moi d'une manière particulière. "J'étais pas là", c'était bien moi, enfant. Ensuite, je me dis que les enfants ont peut-être cette qualité particulière d'écouter les adultes en leur laissant croire à tout ce qu'ils disent. Je ne sais pas à partir de quel âge on tombe vraiment dans le dogmatisme. A quel moment on croit que tout ce qu'on nous dit est vrai ? Est-il grave d'enseigner une religion aux enfants ? Est-il grave de les enrober d'une doctrine politique ? Je pense que oui. Mais je pense que c'est surtout grave pour les adultes qui tentent de violer l'enfance et qui s'érigent en commandeurs omnipotents et omniscients. Le fait de n'être pas là, je crois, m'a forgé un esprit indépendant. Car mon absence dans le monde, cette mémoire qui ne marche pas, font que les idées ont glissé sur moi sans jamais vraiment me pénétrer. Et ce qu'il reste, lorsqu'on met tout à plat, au delà des croyances, des idéologies, c'est la liberté d'être soi-même et de revendiquer son altérité.
A un enfant, on lui dit qu'il a tout à apprendre. Lorsqu'il arrive à l'âge adulte, qu'il baigne dans son travail, ses habitudes, ses coutumes le voilà fait, sculpté dans le marbre. Si vous le permettez, j'essaierai encore de garder cette qualité de l'enfance qui veut que tout soit possible, que le monde reste un laboratoire tout au long de la vie, un terrain de jeu pour expérimenter l'amour, l'échange avec les autres. Et surtout, n'avoir qu'une obsession, le bonheur, le sien et celui des autres, et cultiver l'esprit de la liberté. Et s'il le faut - et c'est un acte politique et philosophique - n'être pas là à ce qui se révèle néfaste à tout cela.
La chanson "J'étais pas là" ci-dessous est joliment interprétée par un inconnu.




Alain Souchon
J'ÉTAIS PAS LÀ
1978

Mon papa qui venait me border,
Moi, déjà, dans mon pays rêvé,
Moi, déjà, dans le baba au rhum,
Les petits poils sur les jambes de la bonne,
Les copains de cibiches de Claude Bernard
Qui venaient à la maison pour me voir.
Ils regardaient mes bouquins en attendant
Puis ils repartaient au bout d'un moment.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.

J'étais pas là non plus pour Martine.
Est-ce que je me cachais dans la cuisine?
J'avais peur car les filles, quand elles passent,
C'est bien souvent pour qu'on les embrasse.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.

On m'en a raconté, des histoires.
Elle a jamais marché, ma mémoire.
Le bon Dieu et toutes ces cloches qui sonnent,
C'est le père Noël pour les grandes personnes.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.
J'étais pas là.

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