mardi 5 avril 2011

L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

Je vous propose une chronique que j'avais écrite le mois dernier pour l'émission radio Blo bloga à Xiberoko Botza

Je viens de lire le dernier livre d’Hervé Kempf qui s’appelle « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie ». Peut-être quelques uns d’entre vous ont déjà lu les deux précédents opus de cet auteur : « Comment les riches détruisent la planète » et « Pour sauver la planète sortez du capitalisme ». De ce que je me souviens, il disait qu’il y avait deux crises, une crise sociale et une crise écologique et qu’il fallait s’occuper des deux en même temps et qu’il était urgent de sortir du capitalisme.

Dans ce nouveau livre, Hervé Kempf nous parle de démocratie et pose la question de savoir si nous sommes vraiment aujourd’hui dans un régime démocratique et si nous ne sommes pas entrés dans un régime oligarchique.

Ce livre est pour moi très intéressant car il fait sa démonstration de manière précise et globale en nous expliquant de quelle manière les puissances de l’argent, les grands médias, les lobbies décident pour nous dans les hautes strates et de quelles manières finalement nous sommes dépossédés de notre pouvoir de citoyen.

Déjà j’avais fait le constat personnel de l’échec de la démocratie locale. Quelques exemples. Je me souviens il y a quelques années, une bataille était engagée en Soule autour du gazoduc et je m’étais moi-même impliqué, notamment en m’opposant physiquement aux travaux. J’ai même été mis en garde-à-vue et cela m’a valu quelques jours de prison avec sursis. Je me souviens, d’une élection à ce moment-là. J’habitais alors à la Haute-Ville de Mauléon. Je vais voter. Devant le bureau de vote, je croise Socodoybéhere, membre ou proche du PS et conseiller municipal. Il avait eu vent de mes aventures probablement, et il me dit d’un ton moraliste : « voilà, c’est comme ça qu’il faut s’exprimer »… Sous entendu, tes frasques en haut de Bosmendieta sont ridicules. La démocratie, c’est les élections et rien que ça. C’est-à-dire, il faut faire confiance aux oligarques qui dirigent le monde. Quelques années plus tard, j’étais conseiller municipal à Mauléon et j’ai pu me conforter dans ce constat et voir comment localement, une oligarchie pouvait fonctionner même dans notre microcosme souletin. Dans les communes, d’abord on peut observer les dysfonctionnements notamment en regardant comment une minorité décide souvent de façon arbitraire de notre avenir sans jamais pratiquement nous consulter et ensuite comment cette démocratie est définitivement diluée et décrédibilisé dans un grand tout qui s’appelle communauté des communes.

Le livre d’Hervé Kempf explique à un niveau macro-démocratique le glissement vers l’oligarchie qui est accompagné localement ici par les édiles locaux qui ont peu de marge de manœuvre mais qui continuent de nous faire croire qu’ils maitrisent quelque chose. Dernièrement, l’épisode WIMAX a bien démontré comment nos édiles étaient inféodés au pouvoir, aux grands groupes industriels privés et comment, de toutes manières, globalement, ils étaient colonisés par le système.

Pour moi démocratie représentative + participative = démocratie directe. La démocratie directe étant la vraie démocratie comme le démontre l’étymologie qui me sert de gouvernail : « souveraineté qui appartient au peuple ». Certains me disent, si on donne la parole à tout le monde ce serait le bordel… Je réponds… « Mais c’est le bordel ».

Un livre à lire de toute urgence

Blog de l'auteur : http://www.reporterre.net

Emission radio "Là-bas si j'y suis et entretien avec l'auteur

10 commentaires:

Anonyme a dit…

en effet, la démocratie est affaiblie. La confiance des français en leurs "élites "et leurs notables est ahurissante ! particulièrement en notre bon petit peuple de Soule, si pleine de "braves gens"... Justement.D'où cette pensée que les élites n'agissent que dans l'intérêt général... depuis la IIIème république et les valeurs du service public.
Kempf insiste : revenons vers des choix collectifs démocratiques, et merde à l'oligarchie !
signé : Seyès

Etienne H. BOYER a dit…

En attendant, si le système ne change pas, on va toujours retrouver les mêmes dans les mairies et aux conseils général et régional, à l'assemblée... Avec les mêmes projets de société, les mêmes affinités avec l'industrie, les mêmes traitrises...

(Et là, je ne me place même pas au niveau national, parce que là, c'est la grande braderie des enfoirés!)

Lurbeltz a dit…

Mais voilà, comment changer le système ? Moi je ne parlerai pas de changer, mais de réformer, d'améliorer. Il ne faut pas que la démocratie s'arrête au suffrage universal. Mais pour cela, il faut plus d'implication des citoyens. Et là, euh ! Dur dur ! Car si les citoyens ne votent pas, c'est toujours une minorité qui s'engage dans une assoc, un syndicat, un parti, un mouvement.

Anonyme a dit…

M. Boyer : votre fatalisme résonne comme une fin de non-recevoir...
M. Lurbeltz : votre "réformisme" et votre "amélioralisme" manquent de punch.
Le fait de pouvoir élire librement ses maîtres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves (Marcuse).
signé : Sieyès

Lurbeltz a dit…

Ben non, je ne suis pas révolutionnaire ni anar... Ecolo libertaire juste.
Et je ne crois pas que le peuple puisse comme ça, d'un coup, prendre le pouvoir et accéder à la souveraineté. cela ne peut se faire que par la démocratie, la culture.
J'étais en train de lire un roman de Gérard Delteil. Viva Villa ! Intéressant, les révolutions mexicaines. Les révolutions arabes en ce moment sont une bonne nouvelle. Mais je ne vois pas demain les français et les Espagnol faire la révolution... Ah Ah ! cette idée même me fait rire !
Moi je suis optimistes mais par ma volonté. Pa observation de l'actu, je suis comme Etienne. Il y a un entre-deux, c'est l'action.

Etienne H. BOYER a dit…

Monsieur (ou Madame) Seyès, je ne suis pas très optimiste quant à ce dont est capable (ou non) l'espèce humaine.
J'espère avoir tort...

Anonyme a dit…

et oui, les français ont élu un président optimiste (tel était le ton de sa campagne)et maintenant ils s'en mordent les doigts... vous avez donc de bonnes raisons d'être optimiste sur votre pessimisme non ?
signé : mr. Sieyès

Lurbeltz a dit…

Ils s'en mordent les doigts ? Maintenant peut-être ! Dans 2 mois ils auront oublié et le jour J où il faudra passer dans l'urne ils mettront un bulletin Sarko sans srcupules, mais avec cruspules.
Parce que tout de même, je ne vois pas pourquoi ils s'en mordraient les doigts ! Dans son projet, il y avait bien tout ce qui est en train de se mettre en place non ? Notamment en ce qui concerne l'extrême droite et le piquage du programme du FN.

Etienne H. BOYER a dit…

Pour être optimiste, il faudrait avoir touché le fond de la piscine. Malheureusement, ce n'est pas le cas...
On s'enfonce chaque jour un peu plus en eaux troubles. Il ne nous reste plus que l'espoir. Mais même ça, ça me parait compromis.

Lurbeltz a dit…

Je reviens au premier com qui disait "revenons vers des choix collectifs"... C'est là, le problème et le fait qu'on peut ne pas être très optimiste. Parce que quand on pense aux révolutions arabes en ce moment, elles sont là pour réclamer des choses de base. La liberté, l'égalité, des conditions de vie meilleures ; du grand classique. Des révolutions de ce type, c'est pas ce qui manque dans le passé, jusqu'à aujourd'hui. Mais il y a un problème supplémentaire, c'est le problème écologique. Et compte tenu du fait, déjà, qu'une conscience collective sociale et revendicative semble difficile à faire tenir depuis toujours (surtout avec une droite qui ignore ces revendications et qui a le pouvoir), qu'en sera-t-il de la conscience collective vis-à-vis des problèmes écologiques ? c'est très inquiétant.
Ce que tu dis Etienne, je le comprends, mais je ne crois pas qu'il faille attendre de toucher le fond de la piscine, car les possibilités à ce moment de rejoindre la surface seront très faibles. Il n'y aura pas lieu d'être optimiste.
On ne peut être optimiste que si la conscience écologique rejoint la conscience sociale, que les deux s'imbriquent, et que contre-pouvoir et pouvoir s'accordent pour que changent les choses. Quand je pense au nucléaire et les débats actuellement au PS... Je rigole... Jaune ! (jaune forcément avec ce qui se passe au Japon arf arf !)
Normalement, logiquement, si on regarde le parcours du PC durant ces 10 dernières années et sa quasi disparition, le PS devrait bientôt subir la même dégringolade. A moins qu'ils réussissent ce que n'a pas réussi le PC, c'est-à-dire une refondation totale, une relecture des doctrines, et puis un regard critique sur le productivisme qui a été l'idéologie du PS et du PC jusqu'à aujourd'hui.