lundi 6 décembre 2010

Quand l'industrie nous fabrique

C'est un fait indubitable, on a fait une connerie de laisser s'installer toutes ces antennes relais partout.
Devant chez moi, un paysage paisible s'étend jusqu'à la chaine des Pyrénées. Je vois le pic d'Orhy, le pic d'Anie, Saint Antoine, la Madeleine… Puis un beau jour je vois un nouveau pic, une tour brillante qui dépasse des arbres du côté de Chéraute en dessous de Gaztelaia. Je regarde avec les jumelles. Il s'agit d'une antenne relais. Je n'en fait pas une question d'esthétique, quoique… Surtout, aujourd'hui, je m'étonne qu'on puisse installer encore si facilement ces antennes, compte tenu des soupçons qui pèsent autour des ondes électromagnétiques. Je veux parler des problèmes sanitaires et des multiples études qui annoncent que les ondes basses fréquences de la téléphonie mobile du WIMAX, du WIFI, du téléphone DECT, du Bluetooth, pourraient bien être néfastes pour la santé.
En ce moment, je vois une tendance s'installer durablement dans notre quotidien, c'est le sans-fil. Le sans-fil est devenu une vraie religion et comme toute technologie qui semble a priori nous faire gagner du temps, nous faciliter l'existence, nous sautons dessus à pieds joints. Le sacro-saint progrès s'installe dans le paysage mais surtout dans nos cerveaux qu'il occupe facilement. Il flatte nos désirs d'instantané, de rapidité, il modifie nos comportements sans que nous nous en rendions compte.
De plus en plus de gens délaissent le téléphone filaire classique au profit du portable hertzien. On annonce même le WIMAX deuxième génération, la LTE ou 4G bien plus nocive que le WIMAX avec une bande passante beaucoup rapide qui permettra, par exemple, de consulter internet depuis votre voiture. Génial non ? Voilà un truc qui va plaire à la population avide de nouveaux gadgets. Voir ici Eric Besson qui présente le prototype LTE Ericsson.
Mais n'y a-t-il pas un énorme risque, en favorisant toutes ces technologies hertzienne, de supplanter peu à peu le filaire ? Je ne parle pas du service public qui dans ce domaine est mort et enterré semble-t-il. On va bientôt ne plus savoir même les valeurs qu'il représentait.

A côté de ça, je reçois un coup de fil la semaine dernière. Une dame qui cherche de l'aide car elle veut vendre sa maison, mais elle n'y arrive pas… Elle habite à côté d'une antenne relais : "j'ai baissé les prix, mais je ne peux quand pas la donner cette maison !". Et oui, il y a quelques années, on voyait une antenne pousser au milieu d'un champs, prés d'une maison, on s'en foutait. Aujourd'hui on se demande s'il n'y a pas anguille sous roche.

Quant à nous, nous avons appelé l'électricien pour qu'il nous installent des prises éthernet. Pas de WIFI, pas de WIMAX chez moi… Ouste ! En attendant la fibre optique, on a installé le satellite. La résistance s'organise comme on peut pour parer la marée des basses fréquences, le tout sans fil (le satellite, c'est des ondes, mais en principe de même nature que la télé et la radio FM. Du 100 Mhrz c'est-à-dire des ondes en principe qui existent déjà à l'état naturel depuis des millions d'années). C'est pas l'idéal, mais c'est un pis-aller, à une époque ou il y a deux alternatives. Crever dans son coin ou bien essayer tant bien que mal de gagner sa place, puisqu'il faut la gagner, parait-il. Cela est la définition même du libéralisme. La compétition, la compétitivité, des mots qui ne souffrent pas l'ambiguïté.
Un détail me satisfait pleinement. Je n'ai pas de portable, je n'en n'ai pas besoin, et c'est vraiment un soulagement pour moi de ne pas avoir à m'encombrer d'une chaîne supplémentaire dans mon existence qui en a déjà suffisamment.
Il y a quelques jours un copain disait dans une réunion : "je n'appelle jamais sur un portable, car je sais qu'en faisant cela, j'encouragerais cette technologie, je participerais à la propagation des ondes, à l'installation de nouvelles antennes relais". Il a totalement raison.
Ma grande inquiétude est que nous ayons de moins en moins le choix. La technologie fabrique notre société et nous suivons le diktat des multinationales qui nous formatent. Ce que disait Bernard Charbonneau au sujet du tout-bagnole (qui est à l'origine de notre système économique actuel et de ses impasses) est valable pour pour le tout sans fil.
Il est peut-être temps de lever la tête et de faire preuve de vigilance non ?

1 commentaire:

Etienne H. BOYER a dit…

Tout ça c'est une question de conscience. Comme le disait très simplement le groupe Depeche mode dans sa chanson "Blue dress" :
"On ne peut pas changer le monde, mais on peut changer les faits. Si on change les faits, on change les points de vue. Et lorsqu'on change les points de vue, on peut changer un vote. Et quand on change un vote, on peut changer le monde".

Grosso modo, si on prend l'énoncé du problème à l'envers : si on continue de voter pour les mêmes personnes, alors on continuera d'avoir des antennes relais, des voies de Soule en double et des D25 en ruine... On continuera d'avoir des présidents blingbling, des 4x4 pour polluer les montagnes, des roms reconduits à la frontière, des retraites à 70 ans, des tunnels du Somport et des gazoducs. On continuera à tuer les ours, à incendier les broussailles, à faire croire que la grippe aviaire va dévaster les foyers...

Changeons les habitudes! Votons intelligent, ou alors cessons de nous plaindre... (Bien entendu, je ne parlais pas pour nous, puisque je pars du postulat que nous votons intelligent depuis très longtemps déjà)