mardi 20 avril 2010

Volcan islandais : la nature impose sa loi au capitalisme

C'est un phénomène similaire qui fit disparaître les dinosaures de la surface de la Terre (s'ils avaient survécu, l'homme aurait-il pu se développer ?). Cette fois-ci, le phénomène naturel va peut-être sauver -malgré lui !- l'Homme de sa folie suicidaire .

Déjà le MEDEF installe des « cellules de crise ». Crise ? Peut-on parler de crise face à un phénomène naturel ? N’est-ce pas plutôt le mode de vie capitaliste qui est en crise ? A Rungis, on se demande déjà ce que vont devenir les fraises de Carpentras qui devaient partir à l’autre bout du monde… sachant, déjà, qu’en temps normal 40% de la nourriture produite filent à la poubelle ! Et de quelles fraises s’agit-il, à mi-avril ? Des fraises congelées l’an passé, sans doute, car ce fruit arrive en mai seulement.

La nature effectue ce que l’Homme refuse de faire

Mettons fin aux aberrations qui font parcourir des milliers de kilomètres à une vache, à un yaourt ou à une bouteille dont le plastique contamine l'eau qu'elle contient.

Jacques Nikonoff, porte-parole du Mouvement politique d’éducation populaire (M'PEP) au journal La Terre, soulevait récemment un paradoxe : le sommet de Copenhague était en contradiction avec celui de Genève, d’où son échec prévisible. Le président de la République ne manifestait-il pas son ras-le-bol de l’écologie au récent salon de l’Agriculture ? L’Organisation mondiale du commerce (OMC) va à l’encontre de tout ce qui peut sortir de bon de tout sommet à but écologique.

Pas d’espoir climatique sans remise en cause du libre-échange

La libéralisation du commerce international et le libre-échange sont des causes majeures des dérèglements climatiques et de la dégradation de l’environnement. Croire que les questions climatiques sont indépendantes du commerce international libéralisé est une hérésie : «Nombre d’organisations de gauche, partis, syndicats, associations... se sont malheureusement laissées entraîner dans cette diversion et ne parlent plus que de Copenhague en oubliant Genève. Pourtant, si on veut vraiment s’attaquer aux problèmes de l’environnement, il faut organiser la décroissance du commerce mondial», expliquait Jacques Nikonoff avant la réunion du sommet. Cette décroissance nous est, pour la première fois, imposée par la nature, via l’éruption d’un volcan islandais.

Kyoto contraint par les exigences du commerce mondial ?

Selon Jacques Nikonoff, le protocole de Kyoto était «plombé dès le départ par l’exigence, posée d’entrée par les classes dirigeantes, de ne pas toucher à la façon dont le capitalisme génère actuellement des profits». Il est d’ailleurs paradoxal que les Verts aient approuvé le principe d’un marché des «droits à polluer».

Il est indispensable de poser en priorité le vrai problème, celui du mode de production capitaliste : le libre-échange et le productivisme.

Comment le commerce international nuit-il au climat ?

«Il y a un exemple évident, celui des échanges agricoles. Quand l’Union européenne et les Etats-Unis subventionnent l’agro-industrie pour favoriser les exportations vers les pays du Sud, cela entraîne des transports extrêmement nuisibles à l’environnement et empêche le développement de l’agriculture vivrière locale. En plus, cela multiplie les problèmes d’eau, de déforestation... Et cela marche aussi dans l’autre sens puisque pour récupérer des devises, afin de rembourser leur dette voire payer leurs importations alimentaires, ces pays sont conduits à orienter leur agriculture vers l’export. Il est impératif de briser ce cycle infernal par une politique qui permette de viser la souveraineté et la sécurité alimentaires pour chacun". La pseudo-crise du riz qui conduisit aux émeutes de la faim de 2008 illustre parfaitement ces propos.

Avions "cloués" au sol = moins de pollution

Dans les jours à venir, nous saurons si les millions de tonnes de produits importés manquent vraiment sur nos étals. La crise, grave pour les tour operators, va peut-être sauver des dizaines d'exploitations agricoles, toutes heureuses de voir leurs produits remplacer, dans les grandes surfaces, les pommes et les fraises venues d'Amérique du sud et d'Afrique du sud. Après la prise de conscience du commerce de détail, il faudra aller plus loin :

"C’est valable aussi dans l’industrie, où les délocalisations entraînent des va-et-vient inutiles de marchandises. Il faut rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. Et pour cela il faut s’attaquer au capitalisme et au profit, affronter les logiques du capitalisme» (extrait de l’interview de Jacques Nikonoff réalisée par Olivier Chartrain).

Le bon sens et le protectionnisme réfléchi

Le bon sens, c’est de limiter les déplacements polluants, notamment en mettant fin aux aberrations qui font parcourir des milliers de kilomètres à une vache ou à un yaourt. Le vrai progrès consiste à tourner un robinet plutôt que de transporter l'eau dans des camions polluants qui encombrent nos routes et dans des bouteilles dont le plastique contamine l'eau qu'elle contient.

Des mesures protectionnistes réfléchies permettraient de ralentir le commerce international nuisible à l’environnement dans les domaines agricole et industriel en particulier. Jacques Nikonoff propose de relocaliser les activités productives et d'interdire la réimportation de pièces produites à l’étranger.

Critique de la croissance

L’éruption du (petit) volcan islandais provoquera très certainement beaucoup moins de dégâts sur l’ensemble de la planète que ceux occasionnés par la croissance, comme l’explique Clément Wittmann:

«Nos paysages, nos zones commerciales, nos villes, nos vies ne sont plus que le reflet de normes comptables préméditées. C'est bien notre rapport au temps qui est aussi à l’origine du saccage de la planète. Tous nos objets (et dieu sait s’il y en a !) doivent être rapidement produits, bien au-delà de nos besoins et au mépris de ceux qui les fabriquent et ne pourront jamais s'offrir le minimum: ils ne disposent pour leur part que de leur force physique accaparée au même titre que les ressources naturelles de leurs pays. Et tout cela au profit de «démocraties» dominées par l'argent à tous les niveaux de la société. Or l'argent sous-entend et sous-tend le court terme permanent, donc cette vitesse qui annihile toute réflexion véritable, commune et désintéressée, qui constitue à mon sens le corolaire obligatoire d'une démocratie. A défaut de quoi celle-ci devient un système monstrueux qui mange ses enfants, tel Saturne... N'en est-on pas là à présent ?» CONT 9

Sources : ici

1 commentaire:

Gild@ a dit…

Quand je pense que beau papa est bloqué en Chine ... Cette paix qu'on va avoir ;)))))