samedi 22 août 2009

Pierre Desproges "Textes de scène"




Je viens de lire "Textes de scène" de Pierre Desproges.
Si je devais revendiquer une filiation, en matière d'écriture, ce serait celle de Desproges, d'abord. Enfin ! Filiation, en vérité, je n'ai lu les "Chroniques de la haine ordinaire" qu'après l'écriture de mes Pensements. Mais en lisant ces chroniques j'ai reconnu mon maitre et mon frère en écriture. Une écriture savamment triturée qui s'amuse avec la réalité et qui essaie de la circonscrire. Du grand art.
Une autre filiation ce serait celle de Renaud avec ses chroniques écrites pour Charlie-Hebdo, rassemblées dans le recueil "Envoyé spécial chez moi".
Et puis tant que j'y suis, il y a Coluche et l'intégrale de ses sketches qui vient d'être édité aux éditions Le livre de poche, illustré par Cabu et Wolinski. La bible de l'humour.
- "Envoyé spécial chez moi" de Renaud
- l'intégrale de ses sketches de Coluche
- Chroniques de la haine ordinaire I et II de Desproges
Je viens de faire l'acquisition d'un recueil de chroniques de Christian Laborde. "Collector"... Après feuilletage rapide, diagonalisation et connaissant la plume de C.Laborde, il se pourrait bien que je rajoute très bientôt une quatrième bible. Mais j'aurais l'occasion d'en reparler.
Ci-dessous un extrait des "Textes de scène" de Desproges.


J’ai envie de tuer quelqu’un.

C’est assez urgent.
Ca aussi, j’aurais peut-être dû en parler à mon psy, mais finalement, j’ai préféré me confier à mon armurier.
Vous allez me dire : « Et le respect de la personne humaine ? »
Mais où avez-vous vu qu’elle était respectable la personne humaine ?
Vous avez entendu chanter Francis Lalanne ?
Vous avez entendu penser un footballeur ?
Vous avez vu les yeux morts des terrifiants zombies à chapeau mou alignés devant les chars apocalyptiques des 1er Mai moscovites ?
Avez-vous entendu le décérébré radiophonique meugler les résultats du « Top 50 » ?
Avez-vous reniflé les effluves de sang lourd épanché du taureau sacrifié au crétin bariolé qui brandit sa queue fauve au nez des connes humides des étés madrilènes ?
Avez-vous touché du doigt le fin fond de la bassesse au front des marchands de femmes accroupies ?
Avez-vous, sans bouillir, essayé Génie ?
Vous avez lu Télé 7 jours ?
Vous vous êtes regardés ?
Vous m’avez vu dans la glace ?

Desproges.

4 commentaires:

Mathieu de Castellbon a dit…

Cette filiation croisée entre un libertaire réactionnaire, un populiste de gauche, un néo-bourgeois rose pâle et un haricot tarbais pro-corrida repenti nous emmène à un curieux mélange, mais n'est-ce pas là aussi tout le miracle de la mondialisation des idées... Mais si l'on s'en tient au style, alors mieux vaudra sans doute accrocher la petite musique des mots de Laborde, seul faux-vrai écrivain de la bande.

Lurbeltz a dit…

Tiens le retour de Matthieu !
C'est un jeu ? Parce que j'ai du mal à trouver qui correspond à la définition.
Le haricot tarbais par exemple ! Je vois pas !

Mathieu de Castellbon a dit…

Sache, cher Lurbeltz, que je n'étais jamais parti, étant un fidèle de la grand messe de ce blog. Si tu parlais de mes contributions ici, effectivement, je me suis fait un peu discret ces derniers temps. Je dois même t'avouer que j'ai hésité à intervenir sur les quelques aphorisme du père Lama, en lui demandant si l'aristocratie en fuite massée au Nord de l'Inde était prête à demander au "gouvernement" auto-proclamé, de rendre l'argent. Mais je me suis abstenu en considérant que d'autres avaient parfaitement exprimé mon point de vue. Ceci étant, tu as bien fait de les poster, c'était plaisant à grignoter.
En ce qui concerne les flatulences provoquées par la lecture de Laborde, je serais tenté de dire que tout le monde n'est pas logé à la même enseigne en ce qui concerne ce type de retard de digestion. Tout comme le fut un temps la corrida que jadis, il encensa, alors qu'il faisait des piges pour Jean Edern, l'Idiot supranational entré en délicatesse jadis avec les esgourdes de Tonton, et aux côtés de contributeurs en chemisette brune...
Toujours est-il que ces quelques extraits de Desproges sont bien plaisants à relire. Par contre, Renaud et Coluche, je comprends pas. Explique !

Mathieu de Castellbon

Lurbeltz a dit…

Renaud, c'est évident.
Je parle pas d'une efficacité point du vue de la littérature et de la qualité de la plume. Renaud n'est pas un écrivain. Je parle de cette façon de parler de l'actu, de donner son avis d'un point de vue anecdotique avec distance, sans se poser en intellectuel, en philosophe, en écrivain. Les chroniques de Renaud étaient des clichés, des instantanés très libres, même vis à vis de Charlie Hebdo avec qui il a pu être en conflit notamment au sujet de la question Basque.
Je ne parle évidemment pas de mes écrivains préférés. Il n'y aurait là ni Renaud, ni Desproges, ni Coluche. Peut-être Laborde mais je n'ai pas lu encore assez de ses livres. Je parle d'une filiation vis à vis de certains de mes textes dans Pensements.