dimanche 22 juin 2008

Les aventures de Pedro le perce-oreille

Episode 1 : Le harcèlement de l’hippopotame

- Aih ! Je suis là ! Fait attention Combinetto, tu m'écrases la patte !
C'était Pedrito. Il était assis sur le canapé et bien entendu, je ne l'avais pas vu. On n'a pas idée d'être si minuscule. Pedrito ou Pedro est un perce-oreille ou autrement dit, un forficule, insecte de l’ordre dermaptère, dont l'abdomen se termine par une paire de pinces. Il habite chez nous depuis quelques temps et possède une particularité étonnante... Il parle et il revendique. En 2004 nous avons établi un contrat en bonne et due forme spécifiant, entre autres, qu'il pouvait occuper la maison à sa guise à condition d'éliminer consciencieusement les miettes de pains et autres déchets alimentaires qui tombaient par terre. Pedrito, est originaire de Burgui en Navarre et réfugié de la guerre d'Espagne. C’est du moins ce qu’il nous dit quand il nous parle et quand nous faisons semblant de croire ce qu’il nous dit.
- Pedrito, je t'ai déjà demandé de trouver une autre place pour regarder la télé, notamment, sur le dossier du canapé pour un maximum de sécurité... Bouge tes pinces, lui dis-je.
- Attends, Combinetto, il y a un "Thema" , sur Arte, dans quelques minutes, à propos des différences entre anglicanisme et catholicisme romain. Passionnant non ? Et je veux regarder ça avec le maximum de confort, merci par avance. Je ne voudrais pas avoir à te rappeler l'article 4 de notre contrat de location, me répondit-il avec son insolence habituelle.
- Je sens que la soirée va être joyeuse... Toi tu veux regarder ton débat à la mords moi le noeud, moi je veux regarder mon épisode de "Prison Break", Combinetta, ma chère et tendre, va vouloir regarder "plus belle la vie" et heureusement que combinetitto, mon fils, va aller au lit ! Tiens, c'est la pub ! En attendant, mon vieux Pedrito, il faut que je te raconte une histoire. Aujourd’hui, je me suis fait agressé par un type. Nous étions au café de l'Europe, à parler avec mon pote Etienne des contradictions du gouvernement Sarkozy et de son pseudo "Grenelle de l'environnement", au moment où Louis Borloo, ministre des tas, et Nathalie Kosciusko-Chorizo secrétaire des tas chargée de l'écologie et de la charcuterie fine annonçaient leur décision de lancer le projet d'autoroute Pau-Langon. Tu sais, Pedro, que cette future autoroute aura l'autorisation de traverser huit zones Natura 2000 ? Tu sais qu'elle va encore densifier la circulation et par conséquent accentuer les émanations de gaz carbonique dans l'atmosphère ? Il est beau le Grenelle ! Je disais donc que nous étions au café de l'Europe, et c'est au moment où je m'apprêtais à aller aux toilettes qu'un type au visage poupin et au nez rouge de bande dessinée s'interposa en me criant : "Vous les écolos vous feriez bien de vous occuper des petits enfants qui meurent de faim au Biafra, assassins !" . Sur le mot assassin, j’ai un doute. J’ai été un peu surpris sur le moment, à telle enseigne que je me suis demandé si j’avais bien entendu. Le gars aurait-il éternué ? S’était-il mordu la langue et produit un son que j’aurais traduit par le mot assassin ? L’énigme restait complète. J'aurais bien voulu continuer mon chemin, mais l’alcoolo anti-écolo, qui avait une haleine d'hippopotame et qui était bien aussi large que le mammifère en question me bloquait le passage. C'est scientifiquement prouvé que quand vous vous approchez des toilettes, vous avez de plus en plus envie d'uriner. Ce phénomène physico-chimique est largement accentué par l'absorption d’une fameuse boisson fermentée, fabriquée avec de l'orge germée et aromatisée avec des fleurs de houblon, conservée préalablement dans un frigidaire. En cette occasion, je réinventais le twist en frictionnant mes deux genoux l'un contre l'autre, puis en effectuant quelques demis flexions rapides pour tenter de juguler la pression urinaire. Pour les mêmes raisons, j'amorçais une préhension des testicules, ce qui mit dans mon twist quelque chose que Mickael Jackson n’aurait pas renié et je posais amicalement ma main sur l'épaule de l'hippopotame en lui disant que j'étais d’accord pour discuter de ça avec lui, mais que là, il fallait que j'aille aux toilettes de toute urgence. Et je lui précisais que, s'il ne voulait pas que je lui fasse dessus - ce qui lui donnerait finalement de vraies raisons d'être fâché - ce serait bien qu'il gicla incontinent (ah ! ah !). Il s'en suivi une bousculade assez désordonnée dans laquelle, sous l'effet de la gravitation associée à l'ébriété universelle, le "cheval du fleuve" (1) s'affaissa lamentablement dans le bruit lourd que ferait l’éléphant Babar qui tomberait du haut de l’Empire State Building.
Avec Etienne, constatant que l'ambiance de ce troquet était épouvantable nous partîmes en direction du bar l'Eskualduna où je putes vider ma vessie en paix, et où nous pûmes continuer de dire du mal jusqu'à satiété, de la croissance économique, de Sarkozy, de ma belle-mère et du "cheval du fleuve" (sic) dont la dignité venait de mordre la poussière.
Donc, mon cher Pedrito, je te pose la question suivante : pourquoi nous, les écolos, sommes-nous harcelés par les hippopotames alors même que nous luttons pour leur liberté ?
Pedrito prit un air dégagé d'intellectuel à qui on aurait demandé pourquoi Dora l’exploratrice parle anglais et pourquoi elle n’appelle pas une bonne fois pour toutes la police pour qu’on arrête définitivement Chipeur le renard pour qu’il arrête de chiper. A ce moment-là, ses antennes tremblèrent légèrement comme s'il cherchait un canal hertzien à la recherche d’une bonne fréquence, ses élytres se soulevèrent comme pour chasser des amibes à lui, adeptes d’un parasitisme orthodoxe.

- Mon pauvre Combinetto, pour cela, il faut comprendre que les écologistes ont quelques décennies d'avance en ce qui concerne la clairvoyance, et la compréhension des problèmes contemporains. Mais le problème est qu'actuellement, cela crée des décalages, je dirais même, des anachronismes que le quidam analyse avec les difficultés inhérentes aux problèmes socio-économiques...
- Euh ! Tu peux répéter ?
- Voyons... Ceux qui font ces critiques acerbes à l'endroit des écologistes ne comprennent pas qu'aujourd'hui il n'y a plus de hiérarchie dans le domaine du vivant. Ou du moins celles-ci tendent à s'araser comme si les cimes des montagnes pyrénéennes étaient grignotées par une grosse bête...
- Un perce-oreille géant ? demandai-je
- Oui si tu veux, mais laisse-moi continuer, répondit-il apparemment consterné. Il y a d'autres exemples explicites qui sauront sans aucun doute édifier ton jugement percé par la gangrène portée au comble par l'avalanche fangeuse d'émissions télévisées débiles, genre Prison Break ou Plus belle la vie. Par exemple, on reproche aux écologistes, de conduire et donc de polluer, d'utiliser l'énergie nucléaire pour l'éclairage. Mais ceux-là même qui portent ce genre d’accusation cherchent à cacher leur propre culpabilité qui les torture quotidiennement et la peur du changement. Car finalement le pire n’est pas d’assumer la réalité de l’existence et de reconnaître les incohérences notables qu’un être humain peut avoir en notre période de transformation. Non. Le pire c’est de se complaire dans le miasme et la putréfaction, de se repaître de cynisme pour ne pas voir la catastrophe imminente.
A ce moment-là, Pedrito s’est levé sur ses deux pattes arrières, il eut ce regard terrible qui me fit penser à celui que Fidel Castro aurait pu avoir dans un discours qui aurait annoncé le débarquement cubain sur les côtes américaines pour libérer les indiens Pueblos enkystés dans de leurs misérables réserves. Il continua sa diatribe, debout sur le canapé, la pince dressée vers le plafond qui semblait viser l’ampoule, de telle manière que je pris peur qu’elle n’éclata comme un ballon de baudruche …
- Continuez, humains, à vous regarder le nombril, continuez à croire que cette planète est votre propriété, sombres imbéciles ; sombrez, sombrez vers votre fin et alimenter le véhicule de votre dérive avec le pétrole que vous épuisez égoïstement, crevures immondes !
A ce moment-là, je trouvais qu’il en faisait un peu trop. J’étais plus ou moins d’accord avec lui sur le fond, mais j’étais tout de même humain et il réveilla soudain en moi une fraternité que je ne soupçonnais pas. Or, je trouvais son discours par trop misanthrope, ampoulé, voire amphigourique. Je regrettais finalement de lui avoir confié mon aventure avec l’hippopotame. A ce moment-là, je cherchais un moyen de couper court cette conversation ennuyeuse, surtout que le générique de Prison Break commençait à raisonner des haut-parleurs de la télévision et qu’il était hors de question que je manque le début.
C’est à ce moment-là que Combinetta, ma chère et tendre déboula en hurlant
- RHHHAAAAAAA ! POUUUUSSE –TOI C’EST MON FEUILLETONNNNN !
Elle se jeta sur le canapé, sans autre forme de procès. Je la regardais en rigolant, sachant que sous son séant, le forficule bavard n’avait que ce qu’il méritait et qu’il aurait dû faire ce que je lui avais conseillé, c’est-à-dire, s’installer sur le dossier du canapé pour un maximum de sécurité.
Maintenant, il fallait songer à se débarrasser de Combinetta. Et là, c’était une autre affaire.

(1) Hippopotame, littéralement veut dire « cheval du fleuve »

3 commentaires:

Anonyme a dit…

et voila l apologie de la demago écolo nous les ecolos avons 10 ans d avance sur les autres .
arretez un peu de vous la péter les mecs.
le probléme avec de tel argument c est que n allez jamais depasser 1.5% au prochaines élection et vous vous demanderez pourquoi.
pauvre petit caliméro

pelotari le tout petit

Lurbeltz a dit…

Oh ! Eh ! Je ne suis pas responsable de tout de que disent les perce-oreilles hein ! Là vous voyez directement avec Pedro :

Pedrito le perce-oreille
chez Laurent CAUDINE
Maison Pastou
rt de l'Hôpital saint Blaise
64130 Moncayolle

Anonyme a dit…

sa se mange un perce oreille?