samedi 1 septembre 2007

La seule cohérence : des ours, des bergers et pas d’ OGM

Francis Poineau dans un éditorial du journal Laborari N° 773 du 9 août 2007 (journal d’ELB branche Basque de la confédération paysanne) demande, « entre l’ours et les OGM, quelle cohérence gouvernementale ? »
D’abord, Francis Poineau, parle « des enjeux pour la survie de la planète qui est le maintien de la biodiversité qui est mise à mal aux quatre coins du globe ».
On est d’accord. Mais il continue : « pendant qu’on amuse la galerie sur la problématique de la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées, on tarde à prendre des décisions face à la prolifération des OGM ».
- Première impression. D’abord, je ne vois pas quelle « galerie » on amuse… Le renforcement des ours dans les pyrénées est un sujet sérieux. Si j’entends parfois Pierre Benichou sur Europe 1, dans une émission de divertissement, vomir sa haine du plantigrade, ceux qui aiment les ours, quant à eux, font grise mine.
- Deuxième impression. Il faut rappeler que l’ours fait partie de la biodiversité et que cette dernière n’est pas représentée uniquement par ce que l’homme cultive, élève et consomme. Elle engendre parfois des inconvénients du point de vue des hommes et il est de notre devoir et de notre responsabilité d’établir une cohabitation entre tous les niveaux de la biodiversité.
- Troisième impression, qu’est-ce qui empêcherait le gouvernement de s’opposer aux OGM, et de faire le nécessaire pour que l’ours et les bergers vivent ensemble?
En ce qui me concerne, aujourd’hui, je ne suis pas responsable des incohérences de ce gouvernement auquel je n’ai pas apporté mon suffrage. Mais pour moi et pour les Verts, la cohérence pour préserver la biodiversité, c’est lutter contre les OGM, pour la maintenance de l’espèce ursine et pour améliorer les conditions d’existence des petits paysans.
Francis Poineau dit que « la réintroduction de l’ours dans le massif pyrénéens est une opération qui reste dans le domaine du symbolique, en s’appuyant sur une opinion favorable ». Symboliquement ou pas, il faut quand même rappeler qu’ELB n’est pas favorable à cette « réintroduction ». Mais si le syndicat ELB veut plus que du symbolique, il faut qu’il fasse un effort, dans sa propre corporation pour formuler des propositions, ou tout au moins, à minima, pour dénoncer les violences. Notamment le harcèlement de Franska ; les pots de miels avec les morceaux de verres, le plomb dans la chair de Cannelle et de Franska, et les inscriptions « mort à l’ours » sur les routes du tour de France…
A noter aussi, en passant, que le gouvernement devrait « s’appuyer sur une opinion favorable » en faveur des anti-OGM, puisque presque 80 % de la population est opposé à cette culture. Il ne le fait pas. Effectivement où est la cohérence ?
Les incohérences du gouvernement pour moi sont à mettre en parallèle avec les incohérences des syndicats paysans et notamment du plus intelligent d’entre eux, ELB qui est sur une mauvaise piste à ce sujet.
La démarche d’ELB serait-elle une démarche électoraliste ? L’objectif serait-il de ne pas se mettre à dos une partie des éleveurs ? Notamment l’association Basabürüa en Haute Soule, qui déclarait dans un communiqué que le pastoralisme n’avait pu « se pérenniser que grâce à l’éradication complète et de longue date des espèces menaçantes… » Ces propos qui aujourd’hui - eu égard à tous les traités pour la préservation de la biodiversité, contredit tous les efforts de ceux qui, à travers la planète, essaient de préserver les Pandas, les requins, les lions, les gorilles et sonne comme un révisionnisme sectaire et un appel à l’écocide.
ELB, sur ce sujet aurait pu être éclaireur. Dommage que sur ce point, il plie face à la pression de quelques extrémistes.


Laurent CAUDINE, lecteur de Laborari, membre des Verts, sympathisant d’ELB.

http://www.loup-ours-berger.org/

http://www.paysdelours.com/

http://www.pyrenees-pireneus.com/

3 commentaires:

Etienne H. BOYER a dit…

Tout à fait d'accord avec cette vision des choses. Pour moi, la réintroduction de l'ours est tout aussi importante que l'interdiction des OGM.
Il n'y a pas de priorité.

Anonyme a dit…

Merci pour cette très bonne analyse.

Il est effectivement toujours singulier d'entendre ce type de discours où, souvent ceux qui ne font rien, nous expliquent qu'il y a mieux à faire que ce que nous faisons.

Comme si le combat pour l'ours en empêchait d'autres…

Je suis au contraire persuadé, parce que l'ours à ce pouvoir de mobiliser les énergies, qu'il peut être une très bonne "porte d'entrée" pour aborder l'immensité des problèmes environnementaux qui se posent aujourd'hui à nous, et pour lesquels nous aurons des efforts bien plus importants à faire que le peu que demande l'ours !

Pour notre part à Arbas, notre engagement sur l'ours ne nous a pas empêché à prendre des arrêtés anti-OGM ou, pour prendre un autre
exemple, de refuser le plan d'exploitation de la forêt communale qui prévoyait la création d'une multitude de pistes forestières.

Le conseil municipal l'aurait-il refusé sans les ours ? Pas si sûr.

François Arcangeli, Maire d'Arbas, Président de "Pays de l'ours - Adet"

Lurbeltz a dit…

ça c'est un précieux témoignage.
Preuve s'il en est que cette cohérence ours et bergers est possible.
A noter, que la confédération paysanne de l'Aude, quand à elle est tout à fait favorable à l'ours.