jeudi 13 septembre 2007

Au sujet de l'immobilier

J’étais en train de penser ces jours-ci à cet appel lancé par quelques personnes en Soule, d’abord pour dénoncer les incendies volontaires mais aussi pour mettre le doigt sur le problème de la spéculation immobilière en Soule. J’ai signé cet appel.

J’ai eu quelques griefs de copains que j’apprécie beaucoup pour leur dévouement.

C’est un peu comme pour la question de l’ours et de son renforcement. J’apprécie beaucoup ELB, mais je trouve qu’ils ont à ce sujet une réponse trop corporatiste, trop rétréci. De même en ce qui concerne la spéculation immobilière, le collectif souletin anti-spéculation (1) ne peut pas aujourd’hui résoudre à lui tout seul les problèmes complexes imbriqués les uns dans les autres comme des poupées gigognes.

J’ai participé à de nombreuses actions du collectif anti-spéculation et j’ai suivi leur travail. Ils m’ont permis de mieux comprendre le problème. Mais à l’heure qu’il est, le collectif, de son aveu même, ne peut rien contre le fait qu’aujourd’hui il n’y a rien dans la législation qui permettrait de s’opposer à ce genre de pratique. A l’heure actuelle, la chape de plomb est trop lourde pour pouvoir être supporté par ce seul collectif.

Si j’ai signé l’appel, c’est que je ressens la situation très complexe. Elle est traversée par des intérêts personnels et des intérêts macroéconomiques. Cette situation ne prend-t-elle pas aussi son élan dans l’histoire où la république française a mené un travail de sape pour détruire les caractéristiques du foyer Basque ? (2)

Je ne suis pas à l’initiative de cet appel, mais la réalité est la suivante : il y a quelques jours, cet appel a été lancé avec un rendez-vous fixé au 6 octobre. L’ignorer ce serait, comme toujours, laisser aux autres le soin de réfléchir à notre place. L’ignorer ce serait nier la réalité, c’est-à-dire, qu’aujourd’hui, la Soule est constituée d’élus, de notaires, d’agents immobiliers, de patrons, de représentants de CCI. L’ignorer ce serait ignorer que la société est imparfaite parce que les hommes ne sont pas parfaits.

Je pense qu’aujourd’hui le collectif anti-spéculation doit être dans cette réalité et lutter dedans en étant présent à cette rencontre puisqu’il fait partie de cette réalité, parce qu’il n’y a qu’une société.

La population souletine doit être présente à cette réunion, car il faut qu’elle s‘approprie le débat. Si elle ne vient pas ce jour-là, il ne faudra plus pleurer pour les maisons qui brûleront à l’avenir, il ne faudra plus pleurer non plus pour les vieilles fermes souletines dépecées de leur terre et vendues au plus offrant comme un vulgaire objet de commerce.

Je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas "politicien", je fais de la politique. Je suis juste un souletin qui essaie de comprendre mais qui se refuse de tomber dans le manichéenisme et le fatalisme. C’est pour cela que j’ai signé l’appel et que je serai présent le 6 octobre à 10 h au Centre Multi-services de Mauléon.

(1) Les souletins sont-ils même au courant de ce collectif anti-spéculation en Soule, qui lutte depuis 2004 environ contre ce fléau ? S’ils ne sont pas au courant, c’est bien dommage et il faut lire, au moins, la brochure : « s’opposer à la spéculation en Soule, une lutte nécessaire et urgente ». Je pense qu’elle doit être disponible chez Allande Etxart au magasin de la place des allées à Maule.

2) Un livre de Pierre Lhande « Autour d’un foyer Basque » explique comment la convention, au 18 ème siècle, édicta « une loi qui abolissait la liberté testamentaire et prescrivait le partage égal de tous les biens, entre tous les enfants. » Pour Pierre Lhande, cela contribua au morcellement des terres et des domaines. Pierre Lhande raconte le cas de la maison natale d’Etxahun à Barcus qui fut vendue suite à « un procès intenté par les cadets qui ont voulu à tout prix qu’on fît droit à leurs exigences. »

12 commentaires:

Etienne H. BOYER a dit…

http://www.gatuzain.com/liburuak_fr/habiter_son_pays.html, un petit lien qui pointe sur un livre que tu as oublié, et qui permet de comprendre quelques trucs sur le sujet...
Moi aussi j'y serai à cette réunion, mais en tant que reporter. En effet, autant je peux assumer ma casquette de Vert en dehors du cadre journalistique, autant -pour des raisons strictement déontologique- il m'est impossible de signer cet appel médiatisé, même si j'y adhère sur le fond.

Anonyme a dit…

"...aujourd’hui, la Soule est constituée d’élus, de notaires, d’agents immobiliers, de patrons, de représentants de CCI. L’ignorer ce serait ignorer que la société est imparfaite parce que les hommes ne sont pas parfaits."dis-tu, en voulant dire, je supose que la Soule est "aussi" peuplée de ces différentes carhégorie. Je pense que l'oublie n'est pas anodin, qu'il existe une fascination pour les notables, pour ceux qui représentent les petites gens. Pour le reste pas de grande découverte dans cet article, que la société est "une" et que c'est avec elle qu'il faut composer c'est clair pour tout le monde, surtout pour ceux qui sont mal-logés, ceux qui sont exploités ou sans ressource, non la question c'est de trouver le moyen de ne pas ce faire bouffer par les élus et les patrons plutôt que de savoir comment vivre avec eux. L'appel dont tu parles dans cet article fait suite aux incendies de résidences secondaires de cet été. Un petit groupe en a été choqué et propose une réunion afin de présenter son point de vue sur la question de l'immobilier. On trouve dans ce groupe un agent immobilier qui met en vente au niveau international des bordes. Tu vas me dire que c'est pour chercher à installer des paysans marocains à Larrau peut-être ? Non, ce monsieur est un pragmatique qui prend pour fait la réalité de l'envolée des prix et qui en profite. Il participe d'ailleurs activement à cette envolée puisqu'il propose ainsi des maisons à des gens qui ont des moyens financiers incomparablement plus élevés que ceux du Souletin moyen. Les propositions de ce petit groupe, on les connaît donc déjà, il s'agit d'amener les gens d'ici, sous-cultivés économiquement, à participer pleinement à cet essort de l'immobilier, à les rendre actif dans la vente de leur pays, à les faire cotiser collectivement pour investir dans la pierre, à devenir des capitalistes puisque c'est là une position tout de même plus confortable que celle de prolétaire et de paysans. C'est la "culture de l'immobilier" comme le dit cet agent immobilier, galvaudant ainsi un mot qui a une toute autre valeur. La culture, c'est une manière de vivre ensemble et de ce donner les moyens que ça dure. Ce qu'il nous propose au contraire c'est de participer nous-même à notre propre disparition en espèrant en retirer un capital. C'est du placement financier qu'il nous invite à faire.
Alors, répondre à cet appel en pensant que c'est là qu'aura lieu le débat déterminant pour l'avenir de la Soule c'est une illusion que pourma part je ne participerai pas à diffuser. Le Collectif ne peut pas résoudre la question de la terre et de l'habitat tout seul, dis-tu, c'est encore là une grande évidence, faire confiance à ce petit groupe pour la résoudre c'est carrément dangereux. Non, la vrai voie, celle qui est suscepetible d'amener un changement c'est celle qui redonnera du sens au sentiment communautaire, au "devenir ensemble", bref, à la culture, autant de chose que l'impérialisme cherche en permanance à détruire partout dans le monde. Je ne vois pas de trace de la volonté de repousser ce monstre dans le passé pourtant imposant des gens qui compose ce petit groupe.
Une maison qui devient résidence secondaire, c'est une maison qui disparaît pour la société vivante du pays.

Lurbeltz a dit…

Mais c'est justement parce que la société est une qu'il ne faut laisser personne sur le carreau.
Pour moi, il n'est pas question de "faire confiance à ce petit groupe". Je suis plutôt dans une démarche d'entrisme. J'ai dans l'idée qu'il faut pénétrer le système si nous ne voulons pas qu'il nous pénètre. Euh ! excuse la métaphore mais c'est un peu ça. C'est pour ça que je dis que la population doit ce saisir du debat, sinon, encore une fois on va être dépossédé. Je suis venu vers le collectif anti-spéculation car il pose des questions essentielles. Et je reviendrai car si on ne fait rien, c'est la cata. Mais je ne vois pas pourquoi je ne répondrai pas à cet appel.Je lis cette appel qui est un appel à la discussion. Il n'est pas lancé par l'extrème droite, il ne vient pas de l'Europe, de je ne sais quelle administration. Il vient de souletins qui vivent et travaillent ici et qui ont invité tout le monde.
C'est aussi pour cela que je pense qu'il faut se présenter aux élections parce qu'il ne faut pas laisser cet outil aux autres.
Entre le chao démocratique d'aujourd'hui et une démocratie directe que l'on peut rêver, il y a des intermédiaires, dans cette putain de réalité.Enfin, c'est mon avis

Etienne H. BOYER a dit…

On peut dire ce qu'on veut sur les agences immobilières et leurs directeurs locaux. Je ne défendrai pas Beñat Etchebest, qui est -appelons un chat "un chat"- un commerçant pur jus qui ne fait que suivre la tendance mondiale.
Ceci dit, Vivi, ton commentaire semble presque le désigner coupable des incendies commis cet été.
A mon avis, les seuls coupables sont ceux qui ont commis les actes. Et rien n'excuse ce genre de comportement. En tout cas, moi, je ne le cautionne pas.
J'ai bien sûr quelques doutes quant aux solutions qui seront proposées, mais je vais quand même aller voir et juger par moi même.
Je reste persuadé qu'elles seront certainement moins ineptes que d'aller mettre le feu à une résidence secondaire.
Je préfère le dialogue au terrorisme, la construction à la destruction. fut-ce d'un château branlant...

Anonyme a dit…

Bon, je ne suis pas souletine, mais j'espère que les voisins qui connaissent les mêmes problèmes ont quand-même le droit de donner leur avis.
Moi non plus, je ne crois vraiment pas que certains des signataires de cet appel ont les mêmes motivations que nous. J'ai d'énormes difficultés à croire en leur sincérité. Et pour tout dire, Laurent, je ne suis pas certaine que j'aurais signé si on me l'avait demandé, comme tu l'as fait ainsi que plusieurs amis. Mais c'est fait et maintenant, je pense qu'il s'agit peut-être là d'une chance et que la recherche d'un compromis est toujours une démarche bien plus inconfortable mais aussi bien plus courageuse que la culture de la ligne de fracture.
Si j'essaye d'avoir toujours l'esprit positif (drôle de gajeure!), je n'en suis pas pour autant empreinte d'une naïveté coupable.
MAIS je me dis qu'entrer dans un groupe de réflexion de ce genre pourrait bien être un excellent moyen de mettre au pied du mur les brebis galeuses en question et de voir ce qu'elles ont vraiment dans le ciboulot.
Au delà de cet aspect et au risque d'essuyer des tirs de barrage, je n'arriverai jamais à me couler dans une pensée qui veut que, comme dans la Pastorale Souletine, il y ait d'un côté les bons et de l'autre les méchants. C'est un peu plus complexe que ça, toudmême! Et je ne fais pas forcément allusion aux notables d'ici en écrivant cela. Je pense à certains acheteurs venus d'"ailleurs" car j'ai beau tenter de l'ignorer, il m'arrive parfois de sentir comme une effluve de xénophobie aggravée dans certains discours et certains actes de gens.
Euh---- je ne suis pas en train de me faire des amis, moi----

Lurbeltz a dit…

Moi je pense au rapport de force. Que ce soit dans une assoc, un syndicat, un parti politique tout est question de rapport de force.A un moment donné dans les assocs,dans les syndicats, dans les partis, on vote pour évaluer le rapport de force. Le problème c'est que sur les côtés, il y a le peuple qui dans sa grande majorité se fout pas mal des rapports de force, sauf lorsque ça touche son trottoir ou son portefeuille.
Effectivement, moi je veux avoir une culture du compromis, et individuellement je veux me situer dans les rapports de force, en reconnaissant que parfois il est inégal. Mais après,le peuple n'a qu'à être présent là où se décident les choses.
Non je dis ça, car s'il y a des patrons, avides de capitaux, des élus avides de pouvoirs,c'est bien parce qu'il y a un peuple qui tolère. Ils tolèrent tellement ça qu'ils ont voté pour leur gourou il y a quelques temps.
Alors en attendant le grand soir, on fait quoi ? On attend que les notables se réunissent et décident ensemble de ce qui est bon pour nous ?

Anonyme a dit…

je comprend pas ce que tu veux dire par notables? ceux qui vendent les maisons sont notables? ceux qui vendent leurs maisons, bordes et fermes sont souletins non? il ya t-il que des notables en Soule? Il y a des questions à poser lors de ce débat, le 6 octobre et j'y serai moi aussi. mais je me demande si parler du problème foncier en Soule va résoudre le problème de 'xénophobie' qui y règne..y'a qu' voir ce qui s'est passé..le problème n'est-il pas plus grand que l'on croit? je suis souletin et je ne peux cautionner ces actes mais je me dis que si on était courageux, on demanderait aux souletins qui vendent leurs maisons aux soit-disant "étrangers" de venir à ce débat et de répondre aux questions. Les réponses on en connait certaines mais jamais personne n'osera s'attaquer directement à une personne qui participe à , je suis désolé de le dire, la montée des prix. Sinon les souletins n'auraient vendu qu'aux souletins depuis bien longtemps! pour moi il faut le débat mais j'ai un doute qu'en à ce qui va ressortir de tout ça.

Etienne H. BOYER a dit…

Voilà un sujet qui mériterait un petit sondage...
PS : moi aussi je viens "d'ailleurs", j'ai acheté un terrain sur lequel j'ai fait construire. Mais j'espère que le gens ne pensent pas pour ça que je suis un "notable"...
Sinon, tous les mecs qui bossent à l'usine pour payer leur maison sont des notables...

Lurbeltz a dit…

Mais non, les notables, c'est les gens importants, ceux qui en général savent ce qui est bon pour les autres. Je pense à Leo Ferre qui disait "ce qu'il y a d'emmerdant dans la morale, c'est que c'est toujours celle des autres". On remplace le mot morale, par le mot politique, c'est la même chose.
Le 6 octobre, de simples citoyens à la base,des gens du peuple, les signataires de l'appel, ceux qui sont à l'origine de cet appel se transformeront en notables si on les laisse tout seul à cette réunion. Le notable, qu'il soit maire, curé, patron, c'est un type à qui on délégue nos idées, la construction de notre avenir, notre condition de vie, notre liberté.
A l'origine, les curés, les instits, les patrons et les medecins sont des notables parce qu'on leur donne une importance parfois sur-dimensionnée et on se repose sur eux parfois de manière excessive.
Je ne crois pas Etienne que tu répondes à cette définition.

Etienne H. BOYER a dit…

"Les notables sont, au sein d'un groupe social, des personnalités d'un rang supposé important, destinées à avoir un ascendant particulier et une influence prépondérante sur les autres membres de la société. La notion de notable est donc indissociable de celle de hiérarchie sociale, même si les notables ne sont pas toujours des chefs reconnus (parfois il peut s'agir de personnalités auxquelles la population reconnaît spontanément une importance particulière, qui les distingue des autres)" dixit Wikipedia.

Oui, bin tant mieux! j'ai déjà un post-it de "faiseur d'opinion" qui me colle aux basques, alors notable, hein???
Quoi qu'une certaine personne que je ne nommerai pas -mais que tu reconnaitras aisément - pense que je suis un personnage public. Donc presque un notable, si on extrapole la définition ci-dessus... :-(

Anonyme a dit…

Anonyme, quel dommage que tu sois anonyme!
Ce que tu écris, je le ressens bien.
La maison (une vieille ferme) que mes parents ont achetée en Basse Navarre en 1972 avait été préalablement vendue à quelqu'un de Biarritz avec un hectare, le prix qu'elle avait été vendue aux enchères trois auparavant----avec 17 ha par un paysan qui avait préempté. Ca s'appelle pas une plus-value, ça?
Le précédent acheteur était un Biarrot qui n'a pas revendu à mes parents un centime de plus que le prix auquel il avait acheté.
Le même paysan m'a revendu à moi ensuite, un hectare 700 de lande qui avait appartenu à la maison, au prix de la bonne terre agricole.
Aujourd'hui, la ferme du Monsieur en question est la plus grosse du village tandis que je vole de CES en RMI en passant par le CAE, à moins que ce ne soit le contraire.
Nous étions venus de Paris sans un nom de famille Basque à mettre en évidence.
Mais qui sont les notables, aujourd'hui, dans mon quartier?

Anonyme a dit…

moi çà me fait marrer tous ses gens scandalisés par le probléme de l'immobilier et qui cherchent(ou chercheraient) à vendre au plus cher les biens qu'ils possédent(posséderaient).Le probléme des prix revient donc aux vendeurs.C'est eux qui veulent vendre le plus cher possible , et bien sur ,on va pas attendre des pros de l'immobilier qu'ils les frennent.Actuellement , une génération de basques est en train de vendre notre terre alors que ce bien collectif s'était transmis de génération en génération.Bilan , on peut se masturber la tête à faire pleins de réunions,les prix vont continuer à grimper en aquitaine qui va devenir la maison de retraite géante de la france(source insee).