dimanche 12 août 2007

Ni art, ni combat, et pas même tradition.

Le taureau n’'est jamais qu'’un herbivore, nullement destiné à agresser, mais promu à la protection des troupeaux sauvages des vaches primitives. Sa force, sa puissance sont orientées naturellement, biologiquement vers la défense et non vers une inutile attaque.

Des organisateurs de spectacles sanglants, gestionnaires avisés des tiroirs caisses des arènes où échoit l’argent public, habillent de mots creux, fumeux, dérisoires et ridicules les séances de tortures qu’ils offrent à des foules criminelles, criminelles comme le sont si souvent les foules grégarisées.

Pris individuellement, totalement seul sur les gradins d’une arène, le badaud éprouverait la honte d’être là pour assister à une agonie cruelle. Sa conscience aurait mal. Il comprendrait ce qui se déroule devant lui, pour lui, à cause de lui et l’'horreur s’imposerait dans la lumière de sa raison.

Mais, la foule !

Elle excuse, accepte, digère tout, car elle n’a ni conscience, ni raison : Les ordalies, les bûchers, les pendaisons, les lapidations, les lynchages, les corridas, rien ne la rebute, ne l’'émeut, ne l’'atteint.

La foule est meurtrière, stupide, dépourvue d’'esprit critique et de sensibilité lorsqu’elle se mue en monstre autonome, parfaitement distinct des particules élémentaires qui la composent.

La foule déresponsabilise, anihile l’'homme qui abdique entre ses mains puissantes son intelligence et son cœoeur.

La corrida n’'est ni un art, ni un combat, pas même, hélas, une tradition.

Elle n’'est pas un art, puisque l’'art est affaire de représentation désincarnée, d’œuvre symbolique et signifiante et jamais de réalité. Or, ici le taureau est vrai, saignant, tremblant, expirant sous les coups.
Elle n’est point un combat, puisque l’'issue en est connue, ritualisée, exempte d’'aléa.

Elle n’est pas même une tradition puisque manque l’épaisseur des siècles et que ce spectacle doit, du moins en ce pays, beaucoup au Second Empire et plus encore au développement de « l’'industrie touristique ».

ceux qui prétendent défendre la mort spectacle imaginent lui offrir une couverture en la parant du sceau de la Tradition.

Ils trompent et s’abusent eux-mêmes car toute tradition a pour vocation naturelle de disparaître pour qu’avance la civilisation.

La tradition est l’'intelligence des perroquets qui répètent stupidement, sans comprendre, sans esprit critique, sans recul, ce que d’autres firent avant eux et au seul motif qu’ils le firent de longue date.

Les jeux du cirque, les bûchers, les ordalies, l’'esclavage, l’'absolutisme royal, la torture furent en Occident des traditions solides et l’excision des petites filles, la lapidation de la femme adultère, les multiples obscurantismes religieux inculquant la peur du ciel et des enfers demeurent, pour beaucoup trop de contemporains soumis, des traditions.

Faire reculer la tradition a toujours été la marque des esprits libres et éclairés qui ne radotent pas mais pensent et soumettent à l’examen de leur raison les faits et les gestes.

Aussi, si la corrida était, ce qu’elle n’'est pas, une tradition, cela constituerait une raison supplémentaire et superflue de l'’abolir.

Alors, ni art, ni combat, ni sport, ni tradition, qu’'est-ce que ce spectacle consistant à torturer pendant vingt minutes un être sensible jusqu’à ce que mort s’'en suive, pour la satisfaction de foules excitées, ivres de sang et souvent d’'alcool ?

La corrida est un révélateur, un symptôme d’un mal caché et redoutable : l’'instinct de mort.

Notre espèce nous a offert bien d’'autres manifestations, au cours de sa sinistre histoire émaillée de crimes insondables, de guerres perpétuelles, de génocides furieux, de violences exacerbées et valorisées, de cette tare funeste qui la rabaisse parfois bien au-dessous de la condition animale.

L’'homme fait ici, aujourd’hui, à l’'animal ce qu'’il ne lui est pas donné de faire à ses semblables mais qu'’il ne manquera pas de leur faire lorsque les circonstances, par exemple une « très juste guerre », lui octroieront la douce jouissance des vrais combats, des exécutions bien méritées et dûment justifiées par des juges et des commentateurs qui viendront doctement expliquer la nécessité des châtiments infligés à un ennemi abhorré méritant une édifiante punition.

La mort spectacle nie l’'éthique hédoniste faisant de l’individu solitaire face à son destin, un individu solidaire, fondant la reconnaissance d’autrui sur sa seule capacité à éprouver le principe du plaisir déplaisir.

La corrida nous rappelle que le processus d’'hominisation n’est nullement parachevé et que le chemin parsemé de cadavres humains et non-humains est décidément bien long.

Pour perpétrer ces actes de tortures érigés en spectacle, les tenants de la corrida ne sauraient souffrir le débat, la confrontation, la réfutation. Il leur faut de la propagande lourde et unilatérale et il ne manque pas de mondains pour se livrer dans les médias à des exercices pitoyables d’'apologie sans être le moins du monde embarrassé par l’'absence de toute contradiction idéologique.

En cela la corrida, comme la chasse, sont intrinsèquement fascistes et antidémocratiques.

Normal, puisqu’'elles hurlent : "viva la muerte !"

« I kill for fun “.


Gérard CHAROLLOIS

Président de la CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui, "mort à l'ours", c'est aussi le leit-motiv des ultras anti ours.
La mort, la mort, toujours la mort.
Ils n'ont tous que ça en tête.
Comme si elle ne venait pas toute seuls sans qu'on l'appelle, la mort, comme s'il fallait la prier de venir, la mettre en scène.
Moi-même, il m'arrive de dire "Mort aux cons". Il faut absolument que je me débarrasse de ce tic verbal. Parce qu'en +, tu imagines le bain de sang planétaire!
Remarque, à bien y réfléchir, ça permettrait peut-être à l'humanité de repartir sur de bonnes bases.